Le deuil, un chemin de douleur à vivre après toute perte
- Nanou de CRÉALMA
- 28 déc. 2017
- 4 min de lecture
Le deuil, un mot formé sur la même racine que le mot douleur, est un cheminement naturel et nécessaire pour surmonter toute perte définitive.
En effet, si ce terme évoque spontanément l'état dans lequel on se trouve après le décès d'un proche, il est aussi applicable aux ressentis que l'on a lorsque l'on perd, de quelque manière que ce soit, une personne, une chose, une situation à laquelle on était particulièrement attaché.
Un divorce, une séparation, l’annonce d’une maladie, la perte d'un emploi, d'un lieu de vie, d'un animal familier entrent aussi dans ce cadre, de même quelquefois que le départ naturel des grands enfants qui, devenus adultes, quittent le nid pour aller vivre ailleurs.
Pendant longtemps, le deuil était un temps « officiellement » reconnu d'une durée de 2 ans après un décès. Et en effet cette durée au moins est nécessaire pour parcourir chacune des étapes de ce processus naturel.

Nous devons à la psychologue Elizabeth Kübler-Ross une description précise et reconnue des 7 étapes de ce processus :
1–le Choc
Cette première phase, appelée aussi sidération, correspond au bref moment où l'on apprend la nouvelle et aux ressentis qui y sont associés.
La prise de contact avec cet événement sur lequel on n'a aucune prise, contre lequel on ne pourra rien, contre lequel personne ne pourra rien, nous laisse comme pétrifiés. Nous perdons tous nos moyens d'agir et de penser, nous sommes abattus, déroutés, désemparés. Pour certains, cet instant peut prendre des allures de fin du monde, de fin de son monde, et la première pensée égoïste surgit spontanément : « que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? »
2–le déni
Dans un deuxième temps, très rapidement, on passe au déni de la situation, on la refuse : « ce n'est pas possible, c'est une erreur, c'est un cauchemar je vais me réveiller »
Cette phase est normalement elle aussi assez brève, sauf pour certaines personnes qui s'y enferment en conservant par exemple des objets, des lieux, des habitudes pour faire « comme si » la perte n'avait pas eu lieu.
3–la colère
Lorsqu'on sort de la phase de déni par ce que l'on se rend compte que cela ne sert à rien de ne pas y croire, cela a eu lieu, on entre dans une phase de colère souvent associée à un désir de vengeance et parfois à une forme de "marchandage"qui consiste à négocier le retour à la situation antérieure contre une promesse de comportements meilleurs : « si… je ne ferai plus jamais… ». C'est dans cette phase que certaines personnes prennent contact avec des mouvements ésotériques ou religieux pour essayer de faire intervenir par transaction une sorte de grâce divine.
C'est le temps des regrets, des remords, de la culpabilité : « qu'est-ce que j'aurais pu faire de plus ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? Si je n'avais pas fait cela… etc. »
Cela peut aussi se retourner contre l'entourage : « c'est la faute de… si untel n'avait pas fait ça ça ne serait jamais arrivé… »
Ce chaos émotionnel intérieur peut conduire à toutes sortes de comportements inhabituels : de l'agressivité contre les autres ou envers soi-même, de l'isolement, de la répulsion de la rancœur envers les gens qui continuent de vivre joyeusement malgré ce qui nous est arrivé…
4–la tristesse
Après la violence de la colère, vient une phase de tristesse qui peut aller jusqu'à la dépression, jusqu'au désespoir avec chez certaines personnes des idées de suicide.
Cette phase peut être longue, elle est nécessaire pour surmonter le sentiment résiduel d'injustice (pourquoi moi ?). C'est le temps des larmes silencieuses, des larmes d'impuissance où l'on a besoin de pleurer le fait qu'il nous est absolument impossible de changer cette situation et de revenir en arrière.
5–la résignation
A ce stade, on ne cherche plus de solutions de retour en arrière, on commence à admettre ce qui est puis progressivement à l'accepter.
Là aussi, ce peut-être un temps assez long en fonction des habitudes antérieures, de la philosophie ou de la spiritualité de chacun.
6–l'acceptation
C'est la phase où l'on a compris, admis et durant laquelle progressivement on va accepter le retour à une vie « normale ».
Dans cette période la personne commence à se dire que « c'est comme ça, c'est la vie… »
C'est également une étape dont la durée peut être considérablement influencée par les croyances personnelles. En effet, la religion ou toute forme de spiritualité peuvent être d'un grand secours car il est beaucoup plus facile d'accepter ce que l'on pense être issu « de la volonté de Dieu, de la loi de l'univers, du karma… »
7–la reconstruction
Une fois toutes les étapes précédentes franchies avec succès il reste encore à se reconstruire une vie sans l'élément manquant.
Cela suppose un rééquilibrage, une réorganisation, une réharmonisation pour bâtir un édifice solide qui va de nouveau tenir debout.
À ce stade, on va relever la tête et regarder le monde environnant avec la certitude de lui appartenir encore, certitude que l'on pouvait avoir antérieurement perdue.
Quel que soit le temps que chacun met à parcourir ce chemin de croix que sont les sept étapes du deuil, la guérison de la blessure due à la perte ne sera complète qu'une fois ce processus mené à bien intégralement.
C'est la raison pour laquelle il est important de le reconnaître, il est indispensable de laisser chacun faire son deuil complètement, même si cela prend du temps, et si l'on veut accompagner quelqu'un dans ce processus, on ne peut le faire qu'avec beaucoup de tact et de respect car le « secouer » ou le « brusquer » ne pourra qu'avoir l'effet inverse !
Il est assez fréquent que l'on reste bloqué sur l'une des étapes sans arriver à s'en sortir, et dans ce cas il est impératif de se faire aider pour pouvoir continuer le cheminement.
Mais même lorsque tout se passe "bien" il peut être utile de se faire accompagner pour vivre chacune des étapes complètement et peut-être plus rapidement.
La sophrologie, notamment, est un outil précieux pour surmonter le deuil et les fleurs de Bach apportent également un grand soulagement.
Ce qui est très important lorsqu'on est dans cette situation c'est de savoir que l'on n'est pas seul à réagir de cette manière, que l'on n'est pas seul à ressentir cette grande souffrance, cette grande colère, ce grand désespoir. Certains l'extériorisent beaucoup, d'autres pas du tout, mais tout le monde le vit, et il ne faut pas en avoir honte car c'est un processus naturel et vital.