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  • Photo du rédacteurNanou de CRÉALMA

Développement "personnel" ou développement "spirituel"*

Dernière mise à jour : 7 mars 2020


Question : J'ai remarqué que vous utilisiez parfois l'expression « développement personnel » et parfois l'expression « développement spirituel » mais je n'ai pas compris s'il s'agissait de 2 choses différentes ou de 2 manières différentes de qualifier ce que vous appelez « le travail intérieur »


Réponse :

Je vous remercie de me poser cette question très pertinente car elle met en évidence le manque de clarté de mes propos (rires) ,je vais donc essayer d'être plus claire maintenant dans ma réponse.

« Développement personnel » et « développement spirituel » sont deux étapes différentes, deux niveaux, deux stades différents de ce que j'ai appelé le « travail sur soi » ou « travail intérieur » et que je préfère personnellement qualifier de "développement humain".


Question : il est déjà tard, mais pourriez-vous prendre le temps de nous exposer les différences entre les deux ?


Réponse :

Oui avec plaisir !

Cela a à voir avec les 2 aspects que j'évoquais hier soir, ces deux facettes de nous-mêmes que j'ai appelées « l'acteur » et « le personnage ».

Rapidement, pour ceux qui n'étaient pas encore arrivés hier soir, je résume de quoi il est question : il y a en nous deux personnes (en réalité c'est un peu plus compliqué que ça mais je simplifie pour ne pas être trop longue).


Il y a donc deux personnes :

  • - celle qui correspond à notre personnalité, à notre être profond, à notre individualité… on peut lui trouver encore beaucoup d'autres noms mais l'essentiel est de comprendre que c'est ce que nous sommes vraiment, notre essence. C'est celle que j'ai appelée l'acteur

  • - l'autre, que j'ai appelée le personnage, c'est la personne que nous sommes devenus de par notre éducation, les croyances que l'on nous a inculquées, les études que l'on a faites, le milieu socioprofessionnel dans lequel on a évolué etc.

Il peut arriver, de manière hélas assez exceptionnelle, que ce personnage que nous jouons corresponde bien, très bien voire parfaitement à l'acteur que nous sommes, c'est-à-dire à notre véritable personnalité, de même qu'il peut arriver qu'un comédien joue dans un film un rôle qui lui ressemble trait pour trait.

Hélas, il est beaucoup plus fréquent que nous jouions ce qu'au cinéma on appelle un « rôle de composition », c'est-à-dire un rôle dans lequel le personnage est totalement différent de l'acteur qui l'incarne. C'est le cas le plus courant : nous menons une vie dans laquelle nous cherchons à correspondre à ce que l'on attend de nous, à ce que l'on nous a dit qu'il était bien de devenir… une vie où nous nous comportons comme on nous a dit qu'il était bien de se comporter, cherchant à obéir aux règles dictées par l'inconscient collectif avec lesquelles notre propre inconscient a été programmé au fur et à mesure de nos expériences.


Vous comprenez, n'est-ce pas, que, à la différence de l'acteur qui peut rapidement redevenir lui-même lorsque le film est terminé, notre personnalité profonde, est bloquée dans cette vie où elle joue un rôle de composition, elle va donc finir par être en souffrance, une souffrance de plus en plus insupportable qui dans de nombreux cas finira par se manifester sous forme de pathologies, de maladies.


Venons-en maintenant que ceci est posé à la définition du « développement personnel ».

Théoriquement si les choses étaient bien faites, si chaque enfant pouvait se développer en laissant s'exprimer sa nature profonde et devenir ce qu'il est destiné à être, tous les adultes joueraient leur propre rôle, celui où le personnage ressemble à l’acteur, donc ils seraient parfaitement équilibrés, heureux, en harmonie avec eux-mêmes et leur environnement et, de ce fait, joyeux et bien portants !

Mais vous savez tous que ça ne se passe pas comme ça et si nous sommes ici, dans cette école, pour parler des pédagogies de l'ouverture et de l'écoute de l'être, c'est évidemment parce que l’harmonie n'est pas monnaie courante.

Depuis quelques décennies, de plus en plus, les gens se rendent compte, arrivés à un certain âge, généralement aux alentours de la quarantaine, qui ne sont pas bien dans leur vie. Cette prise de conscience du milieu de la vie a toujours eu lieu, mais ce qui est nouveau depuis quelques décennies c'est le fait de vouloir sortir de cette situation : au lieu d'aller jusqu'au bout de sa vie en se disant que de toute façon on l'a ratée, depuis le milieu du XXe siècle il devient naturel de vouloir faire quelque chose pour finir sa vie mieux qu'on ne l'a commencée. Et c'est là qu'intervient le développement personnel, pour travailler sur le personnage ; pour transformer ce personnage qui ne nous correspond pas en personnage qui correspond à l'acteur.

Comprenez-vous ce que je veux dire ?

(Acquiescements)

Donc voilà ce que c'est que le « développement personnel » c'est, à l'âge adulte, refaire le travail qui aurait dû être fait pendant l'enfance et pendant l'éducation pour permettre à la personnalité réelle de s'exprimer.

Mais, comme dans l'intervalle, cette personnalité a souffert de ne pas s'exprimer à sa juste valeur, comme elle a reçu un certain nombre de blessures, on va se heurter à des mémoires qui font mal et qu'il va falloir aller "effacer"pour lever les blocages que ces mémoires engendrent, faute de quoi aucun travail de développement personnel ne pourra avancer.

Je dirais donc que le développement personnel est un travail de restauration et de réparation. On peut même aller jusqu'à dire que c'est un travail de guérison…


(question inaudible)


Ah oui ! C'est toujours beaucoup de travail la restauration, dans l'être humain encore plus que dans les vieilles maisons (rires) d'autant plus que quand on démolit quelque chose pour le réparer, on ne sait jamais ce qu'on va trouver derrière ce qu'on va faire tomber ! Donc oui ça peut être très long, parfois un peu douloureux, comme toutes les plaies que l'on nettoie, et il faut bien entendu être accompagné dans cette démarche par quelqu'un de compétent si on ne veut pas se retrouver… en kit… sans savoir quoi faire des morceaux parce qu'on n'a pas la notice de montage !


Question : mais si c'est trop long, on risque d'être en retraite avant d'être réparé !


Réponse :

C'est la raison pour laquelle je ne recommande pas ce que l'on appelle les thérapies longues, tous les types de psychothérapie ou psychanalyse qui peuvent durer 10 ou 15 ans.

Il existe des thérapies brèves efficaces pour les adultes, on pourra en parler ailleurs si vous voulez ce n'est pas le lieu ce soir ici, il est déjà très tard et je n'ai pas encore fini de répondre à la question du départ !


Question : Oui on n'a pas encore parlé du développement spirituel


Réponse :

En effet et j'allais y venir !

Le développement spirituel n'est pas un travail de réparation, c'est un travail, je dirais, d'amélioration, de perfectionnement. Lorsqu'une personne est, on va dire « bien dans sa peau », soit parce qu'elle a eu la chance de faire sa scolarité dans une école comme celle-ci, soit parce qu'elle a fait un bon travail de développement personnel qui l'a remise sur les rails, alors elle peut avoir envie de devenir plus compétente encore, plus sage, elle peut vouloir comprendre plus de choses sur la nature humaine et ses zones mystérieuses, impalpables, celles qu'on ne voit pas avec les yeux, et c'est là que commence le chemin du développement spirituel. C'est un chemin qui ne travaille pas sur le passé mais qui pose les jalons de l'avenir.


Question : c'est une démarche initiatique ?


Réponse :

Pour certains, oui, à long terme ça peut être ça. Pour d'autres non.

D'ailleurs j'en profite pour préciser qu'il ne faut pas confondre développement spirituel ou spiritualité avec religion, ésotérisme ou mysticisme. Cela n'a absolument rien à voir.

L'esprit, puisque spirituel c'est l'adjectif qui correspond à « esprit » (spirituel ça veut dire « de l'esprit »), l'esprit donc c'est ce qui n'est pas matériel, en chimie c'est ce qu'il y a de plus volatile de plus subtile, d'ailleurs on parle des spiritueux pour les alcools et il n'y a rien d'ésotérique là-dedans (rires).

Au Moyen Âge pour les alchimistes, l'esprit était le principe vital, l'essentiel c’est à dire le porteur de l'essence.

Et bien c'est exactement ça ! La spiritualité n'a pas de lien avec la religion, elle est utilisée par la religion, mais elle n'est pas la religion.

Ce terme de spiritualité dans un pays aussi intellectuel que la France pose problème parce que en France, dès qu'on parle de l'esprit, dès qu'on évoque quelque chose qui ne se voit pas ou qui ne se touche pas, on est une secte !

C'est pour ça qu'il y a tout un courant qui essaye de défendre le concept de « spiritualité laïque », il me semble que celui qui est à l'origine du terme c'est Compte Sponville (c'est à vérifier mais je pense que je ne me trompe pas en lui attribuant la paternité du terme).

Effectivement on a le droit d'avoir de l'esprit même si on n'a pas de religion ( rire ).


Est-ce que j'ai répondu Madame maintenant à votre question ? Est-ce que c'est plus clair ?


–Oui tout à fait, je vous en remercie.


C'est moi qui vous remercie tous de votre attention jusqu'à cette heure tardive et je vous donne rendez-vous demain matin pour faire descendre l'esprit dans la matière ! Bonne nuit à tous


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Retranscription de la réponse à une question posée lors d'une conférence débat donnée le samedi 6 mars 2010 dans le cadre d'un séminaire de formation



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