Errare humanum est, sed in errare perseverare diabolicum*
- Nanou de Créalma
- 4 janv. 2018
- 3 min de lecture
*l’erreur est humaine, mais la persévérance dans l’erreur est diabolique
Je voudrais évoquer aujourd'hui le sujet du droit à l'erreur dont les implications dans notre vie quotidienne sont infiniment plus profondes et conséquentes qu'on ne pourrait le penser.
En effet, la plupart des gens se gâchent la vie parce qu'ils pensent que commettre des erreurs est une preuve de faiblesse, d'incompétence, que l'on n'a pas le droit de se tromper parce que si l'on se trompe on n'est pas quelqu'un de bien.
Cette croyance vient du fait qu'ils n'ont pas reçu la permission de se tromper, peut-être parce que leurs parents étaient trop exigeants avec eux, les idéalisaient trop ou au contraire qu’eux mêmes idéalisaient trop leurs parents, les mettaient sur un piédestal, pensaient qu'ils étaient incapables de se tromper et que pour être aimé il fallait être comme eux, infaillible.
Comme le dit joliment la langue des oiseaux, la permission, c'est la « père-mission », la mission du père. Si l'on a eu la chance d'avoir un père qui nous a autorisé à commettre des erreurs, peut-être même encouragé à le faire pour que cela nous serve de leçon, à l'âge adulte, nous considérerons l'erreur comme une source d'apprentissage et pas comme un délit.
Lorsqu'on se trompe, on apprend du même coup ce qu'il ne faut pas faire, et c'est une excellente expérience. Tous les enfants devraient être autorisés, incités même à faire leurs expériences quitte à se tromper. Mais ce qu'il faut leur enseigner parallèlement à cela c'est que l'erreur doit servir de leçon c'est-à-dire qu'elle ne doit pas être reproduite. C'est exactement ce que signifie ce proverbe latin : l'erreur est humaine mais la persévérance dans l'erreur est diabolique.
Cette peur de se tromper et à la source de nombreux comportements extrêmement gênants dans une vie.
Par exemple, on n'osera pas concrétiser ses désirs ou ses rêves par peur d'aboutir à un échec et d'être jugé incapable. Du coup, on reste souvent dans des activités étriquées et sans risque mais qui ne nous correspondent pas et qui par conséquent ne nous apportent aucune satisfaction. On s'ennuie, on n'a pas le moral, parfois on tombe malade ou on devient dépressif, on y va à reculons et tout cela engendre une vie en demi-teinte dans laquelle on se traîne blasé, sans espoir et quelquefois agressif. De fil en aiguille, on finit par se mettre soi-même en situation d'échec à cause même de cette peur de ne pas réussir. La conséquence est que l'on perd la confiance en soi et que l'on a une mauvaise estime de soi car on se considère d'emblée comme incapable de réussir les choses que l'on n'a même pas tentées.
Celui qui a engrammé en lui la certitude que l'erreur est une expérience positive n'hésitera pas à se lancer dans quelque chose de nouveau, il va oser prendre des risques car il se dit que si ça ne marche pas ça n'est pas grave : il tentera autre chose et ça finira bien par marcher !
La réussite est basée sur cet état d'esprit. Qui ne tente rien n'a rien.
Cet optimiste part du principe qu'il faut tenter le coup et si les choses ne marchent pas exactement comme prévu il n'est pas affecté, il reste confiant parce qu'il ne lui vient pas à l'idée qu'il puisse être coupable de quelque chose en n'ayant pas réussi sa tentative. Il garde une bonne estime de lui car il est capable de dissocier les événements de sa propre personne : ce que j'ai fait ne traduit pas ce que je suis, ce n'est pas parce que j'ai raté quelque chose que je suis un raté. Cette manière de penser le protège également de son environnement car, ne se jugeant pas lui-même, il ne souffre pas du jugement des autres.
Si l'on fait malheureusement partie des gens qui ne se laissent pas de droit à l'erreur, on risque de souffrir toute sa vie de la pression que l'on se met soi-même dans l'espoir de ne jamais rien rater, car personne ne réussit jamais tout ce qu'il fait à 100 % !
La vraie question est de savoir si l'on veut continuer à se torturer à longueur de temps ou si l'on est prêt à s'accepter tel que l'on est, à admettre que l'erreur fait partie de l'expérience, à comprendre que les gens qui ont l'air si sûrs d'eux mêmes ne sont pas des gens qui ne se trompent jamais mais des gens qui acceptent leurs erreurs et qui construisent avec.
errare humanum est : l'erreur est humaine. Tout être humain commet des erreurs cela ne fait pas de lui un coupable car une erreur n'est pas une faute, c'est une étape normale du processus d'apprentissage.
